Dans le monde des ACV, on connait bien l'indicateur "changement climatique" qui correspond aux émissions de gaz à effet de serre mais il existe de nombreux autres indicateurs (une quinzaine au total) que l'on connaît moins. 3 d'entre eux concernent l'eau : l'utilisation des ressources en eau, l'eutrophisation de l'eau douce, l'écotoxicité de l'eau douce. Pour ce premier travail sur Nos Gestes Climat, nous avons étudié l'indicateur "utilisation des ressources en eau" exprimé en "m3 depriv./kg" de produit qui correspond au volume d'eau consommée au cours du cycle de vie en tenant compte de la rareté de l'eau dans la région où elle est prélevée (nous y reviendrons).
Le concept d'empreinte eau en analyse de cycle de vie est complexe mais rationalisé via une méthodologie internationale, la norme ISO 14046.
<aside> 💡 Un document, produit par l'INRAE, résume bien ce qui se cache derrière : L’empreinte eau - Memento graphique.
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Cette norme donne une définition méthodologique de l'empreinte eau au niveau international, à la fois sur le volet de la consommation d'eau mais également sur le volet de la pollution.
Ce qui nous anime dans cette note est bien l'eau consommée. Jusqu'au début des année 2000, on étudiait cette empreinte au travers de la consommation d'eau tout au long du cycle de vie, caractérisée selon "eau verte" (pluie), "eau bleue" (irrigation), "eau grise" (pollution). Désormais, on ne parle plus de ces distinctions et l'évaluation de l'indicateur "utilisation des ressources en eau" est réalisée à partir des flux de consommation d'eau lors de chaque étape du cycle (eau bleue (+ eau verte selon l'approche) pour reprendre les termes précédents), pondérée par l'indicateur de stress hydrique de la région où l'eau est prélevée.
Pour aller plus loin, il existe également différentes méthodes pour calculer l'indicateur de stress hydrique ce qui peut faire varier de manière très importante le chiffre final. On peut avoir des différences importantes avec pour un même t-shirt de 1 à 40 m3 d'eau consommée virtuellement pour le produire respectivement avec les méthodes "Pfister" et "AWARE" (plus récente).
Les dernières études, notamment ADEME, utilisent la méthode AWARE dans les analyses de cycle de vie. Nous préférerons donc utiliser des données issues de cette méthode pour nos calculs.
Aujourd'hui, il n'existe pas de calculateur d'empreinte eau personnelle pour la France. Un premier essai de calculateur a été réalisé en 2011, Empreinte H2O, mais les données ne sont pas ouvertes et a priori peu à jour. Côté international, le Water Footprint Network propose un calculateur également (dont le modèle n'est pas accessible non plus). Ce que l'on peut retenir au-delà de l'impossibilité d'accès au données, c'est le manque de pédagogie dans les simulateurs existants, un manque auquel Nos Gestes Climat entend pallier.
Comme Nos Gestes Climat possède déjà un squelette de questions pour le calcul de l'empreinte carbone, il est envisageable de l'adapter pour l'empreinte eau en débusquant les équivalents "utilisation des ressources en eau" des FE carbone.
On l'a vu, le sujet est complexe, les données peu accessibles. Dans cette première version, nous avons décidé de calculer une première version du modèle "eau" en fonction des données disponibles côté ADEME avec Agribalyse notamment et Ecobalyse.
La documentation interactive est disponible sur le site Nos Gestes Climat. Elle permet de comprendre comment est calculée "son" empreinte eau dans le détail. Voici ici un résumé de notre méthode de calcul :
Malheureusement, c'est LE poste manquant. Des données ADEME devraient être publiées d'ici 2026. En attendant, nous avons décidé de ne pas prendre en compte ce poste dans le calcul de l'empreinte eau, pour se concentrer sur des postes aux impacts plus importants (notamment ce qui touche à l'agriculture).